l’Université sénégalaise: du rêve à la réalité.
l’Université est d’abord et avant tout un lieu d’acquisition, d’échange et d’ouverture. En effet elle symbolise une importante ascension sociale, une somme d’espoirs et le résultat tantôt positif d’efforts et d’endurance tout au long d’un parcours propre aux titans.
Dès lors qu’elle (l’Université) constitue quelque peu un mythe à l’égard de tout apprenant des cycles inférieurs, les nouveaux bacheliers sont souvent et pour la plupart obnubilés par l’idée de fouler ce temple du savoir où se prend les rendez-vous “du donner” et “du recevoir”.
Mais hélas ! Ce n’est qu’une fois sur place qu’on se rend compte que la réalité est tout à fait différente de celle de notre imagination; de celle où l’unique bataille à mener est l’assimilation des enseignements.
Déjà durant nôtre dernière année au lycée, nous rêvions de notre future vie estudiantine et nous nous imaginions sous la peau d’un étudiant avec les belles chemises, les belles chaussures en cuir et Dieu sait quelle autre luxuriance vestimentaire à la dimension du citoyen modèle. Croyant que si nous arrivions à accéder à ce lieu nôtre vie serait toute tracée .
Le baccalauréat est un diplôme de prestige, certes. Mais ce n’est qu’un diplôme, et ceux qui l’obtiennent se permettent de rêver à une vie meilleure , rêver d’aventures et de rencontres.
Malheureusement, s’il y’a bien une chose que l’Université de nos jours nous donne si fièrement c’est bien de la déception. Le “diplôme du “découragé “; du “chômeur” entre autres sont aujourd’hui les plus fréquemment octroyés par l’Université.
En effet, dès notre arrivée on est déçu des conditions de vie. Car, être étudiant dans mon pays signifie vivre dans des conditions d’une précarité ahurissante, un quotidien des moins enviables. Il n’existe pas d’homme qui devant le spectacle des conditions que traversent les étudiants au sein de nos universités ne puissent être dépité .
Regardez des frères et soeurs dormir dans des couloirs par l’hiver glacial en se frottant à la dureté du carrelage . Voyez ces mêmes frères et soeurs en manque de sommeil, faire la queue pendant de longues heures pour espérer prendre leurs repas quotidiens tout honnêtement comparables à ceux servis dans les prisons sénégalaises. Vous verrez là une fine partie de la réalité de la vie estudiantine. Durant tout mon séjour il ne m’est jamais arrivé de voir une chambre qui abrite le nombre dont elle est censée abriter. Une promiscuité extraordinaire. Ces conditions de vie précaires ne laissent pas en rade le volet pédagogique.
En effet , la précarité atteint même les amphithéâtres et les salles de cours d’autant plus que pour espérer avoir une place dans une salle, il faudrait y être deux (2) heures avant l’heure du cours et ceux qui par malchance n’y arrivent pas, devront se contenter d’une place debout tout au long du cours . C’est cela la réalité. D’aucuns voudraient nous faire croire le contraire alors que la situation parle d’elle-même : les étudiants vivent le calvaire dans les universités sénégalaises et le pire c’est que tout le monde fait comme si cela était normal.
Une situation aggravée par la complicité de certains étudiants en l’occurrence les amicales des facultés. Ces instances, censées être là pour les étudiants n’en font qu’à leurs personnes et n’en font que pour leurs intérêts sous l’œil complice d’une administration qui y trouve son compte. Ces amicales préfèrent vendre les chambres qui devraient être allouées socialement aux étudiants nécessiteux . Ces soi-disant défenseurs des intérêts des étudiants n’ont qu’une idée derrière la tête : c’est de se remplir davantage les poches et de profiter des avantages et privilèges dont bénéficie la représentativité estudiantine.
Il m’est une fois arrivé d’entendre un camarade étudiant martelé: “si seulement je pouvais revenir en arrière , je n’aurais jamais cherché à avoir le bac..”, chose qui témoigne du niveau de détresse de ces étudiants.
La promiscuité qui existe au sein de nos universités est due en grande partie au déficit d’infrastructures et à l’absence d’entrepreneuriat pour les jeunes. Tout simplement parce que notre gouvernement n’encourage pas ce genre d’initiatives et favorise les entreprises étrangères au détriment de nos entreprises locales. Et résultat, la quasi totalité des jeunes opte pour un travail dans la fonction publique car étant convaincus que c’est là la chose la plus sûre qui soit. Mais au contraire cela favorise certaines parties de la population sur une autres. Car, nos élus au lieu d’encourager une saine concurrence basée sur le niveau des compétences, préfèrent jouer la carte des arrangements politiques et sociales .
Ainsi la situation ne pourrait se décanter si les rares qui réussiront à braver les rudes conditions de la vie et à avoir leurs diplômes seront finalement exposés au chômage .
Et ainsi de suite la roue tourne, créant la forte concentration des personnes que nous observons présentement dans nos universités .
En 2012 , avec l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir qui avait fait ce constat , ce dernier avait décidé de ne plus seulement orienter les nouveaux bacheliers dans les universités publiques mais aussi d’instituer une collaboration avec les certaines d’universités privées pour une formation académique de trois ans. Programme , qui a permis au système de souffler pendant les premières années et finalement l’État se retrouve avec une dette colossale et décide de retourner sur les anciennes méthodes. Créant , ainsi , la situation que nous rencontrons aujourd’hui.
Pour dire qu’au-delà de ce problème visible , se cache une plus grande; celle de la défaillance de tout le système éducatif sénégalais.
Aux nouveaux bacheliers !!
L’Université sénégalaise est un champ de bataille où la concurrence est très rude et les conditions de vie très difficiles . Pour y évoluer, vous serez appelés à repousser vos limites .
Cependant, la réussite y est bien possible. Après tout elle est au bout de l’effort . Quand vous vous mettrez en rang pendant des heures pour prendre vos repas quotidiens ; quand vous resterez debout pendant des heures pour suivre vos cours, faute de place , souvenez vous : D’autres l’ont fait avant vous . Ils ont réussi malgré ces conditions difficiles et dites vous : pourquoi pas moi..? .
Je peux le faire et je vais réussir avec l’aide de Dieu . Soyez forts mentalement, vous en aurez besoin . Le savant disait : << battez vous( …) >> .
L’université sénégalaise malgré ses défauts reste un lieu privilégié d’apprentissage . En terme de développement personnel, l’université sénégalaise nonobstant ses défauts est une source de savoir incommensurable . Si vous êtes ouverts à la connaissance et aux relations humaines , le savoir que vous y trouverez n’aura rien a envier aux grandes universités du monde . Ce savoir ne se trouve pas dans les amphithéâtres ou les bibliothèques mais dans les relations que vous tisserez avec vos camarades étudiants .
L’université sénégalaise est en ce sens prolifique pour votre formation .
A tout(e)s ceux et celles qui auront eu la chance d’y être orienté(e)s,
Nous vous souhaitons la bienvenue par AVANCE !!
ABDOU AZIZ NDAO , 10 juillet 2020