Au temps du crépuscule à Dioudé…..
Au temps du crépuscule à Dioudé Diabé,
Loin derrière ces cases roses,
Une déesse réveillant se déclose
En me souriant. Et seul dans mes pensées
La méditation, à la forme enchanteresse
Et fortunée, exploite cet or qui s’affiche,
Arrachant ainsi mon cœur en marche,
En lui révélant la finesse tendresse,
Qui, mêlant de ce brouhaha sonore,
Où les muezzins en chœur ouvert honorent,
Vient subjuguer mon intimité intime,
Et qui se réjouit content du moment,
Sans être cette innocente victime
De sa beauté qui luit en me fixant.
M. BADJI. Cœur ouvert, Novembre, 2019.
Questions :
1°) Quelle forme poétique avons-nous ici ? justifiez votre réponse.
2°)Donnez la définition des mots suivants en les justifiant dans ce poème : Rejet, enjambement, allitération, assonance, synérèse, un poème hétérométrique, une métaphore filée, alexandrin
3°)Étudiez la rime des deux quatrains et des deux tercets. Que traduit la valeur de ces rimes ?
4°)Quel est le champ lexical prédominant ? justifiez votre réponse
5°)De quoi s’agit-il dans ce poème ? justifiez votre réponse en utilisant des indices précis.
6°)Relevez tous les indices socio-culturels qui renvoient à la culture pular. Que traduisent-ils ?
7°)Quelles figures de style avons-nous au vers V3, V6, V7et V14 ? Dites leurs effets.
8°) Faites la transcription phonétique du V1.
9°) Faites la scansion du dernier tercet et dites la mesure de ces vers.
10°) Relevez tous les mots qui renvoient au moi personnel du poète.
11°) Quel est le sentiment du poète qui prévaut dans ce poème ? Justifiez votre réponse
« C’est l’effort persévérant qui conditionne la victoire finale »
Réponses
1/ Nous avons un sonnet. Par ce qu’il est composé de quatorze vers répartis en deux quatrains et deux tercets. A l’origine, la disposition des rimes était ABBA dans les deux quatrains et CCD/EED dans les deux tercets mais à partir du XIXe siècle, tous les poètes ne respectent pas cette disposition comme on peut le constater dans ce poème susmentionné où nous avons ABBA dans les deux tercets et CCD/EDE.
2/ Donnons la définition des mots suivants :
Rejet : On parle de rejet lorsqu’un élément court de la phrase est rejeté au vers suivant pour être ainsi mis en valeur.
Exemple : En me souriant.
Enjambement : on parle d’enjambement lorsque la phrase ne s’arrête pas à la rime mais déborde jusqu’au vers suivant soit à la césure ou à la fin du vers. Il faut que les deux vers aient une relation sémantique ou syntaxique.
Exemple : La méditation, à la forme enchanteresse
Et fortunée, exploite cet or qui s’affiche.
Ici syntaxiquement et sémantiquement les deux phrases vont ensemble.
Allitération : c’est la répétition d’une même consonne ou de consonnes voisines.
Exemple : V5, V6 et V7 nous avons une allitération en ch, [ʆ] qui est une chuintante.
Assonance : c’est la répétition d’une même voyelle.
Exemple : V3 nous avons une assonance en [ɛ] ou [e]
Synérèse : c’est l’association de deux éléments d’une diphtongue pour former une seule syllabe.
Exemple : En/ me Sou/riant./ Et /seul/ dans/ mes/ pen/sées
Nous un décasyllabe (10 syllabes)
Un poème hétérométrique : on parle de poème hétérométrique lorsqu’il n’a pas le même nombre de syllabes qui le composent.
Exemple : dans ce poème ci-dessus, les mesures des vers sont inégales. On vérifie cela à partir du deuxième quatrain.
La/ mé/di/ta/tion/, à/ la/ for/me en/chan/te/resse 12(Alexandrin)
Et/ for/tu/née/, ex/ploi/te/ ce/t or/ qui/ s’a/ffiche, 12 (Alexandrin)
A/rra/chant/ ain/si/ mon/ cœur/ en/ marche, 9 (ennéasyllabe)
En/ lui/ ré/vé/lant/ la/ fi/ne/sse /ten/dresse, 11 (endécasyllabe)
NB : pour avoir un poème fixe, nous avons retranché deux syllabes au niveau du V8 pour être dans les règles d’étude, et cela n’affecte nullement le sens de la phrase.
Une métaphore filée : on parle de métaphore filée lorsque la métaphore se développe par plusieurs termes.
Exemple : Ici la métaphore de la lune se développe sur tout le poème (déesse, or, beauté, etc..).
Alexandrin : on parle d’alexandrin quand les mesures d’un vers sont égales à douze syllabes.
Exemple : La/ mé/di/ta/tion/, à/ la/ for/me en/chan/te/resse 12(Alexandrin)
3/ Etudions la rime des deux quatrains et les deux tercets
Rappel : la rime est une homophonie (identité de sons) entre les derniers phonèmes de vers.
1e quatrain
-Diabé A
-roses B
-déclose B
-pensées A
Genre ou nature
AA : rimes masculines
BB : rimes féminines
Disposition
ABBA : rimes embrassées
Qualité ou valeur
AA : rimes pauvres (un seul phonème identique [e])
BB : rimes suffisantes (deux phonèmes identiques [o] et [z])
2e quatrain
-enchanteresse A
– s’affiche B
-marche B
-tendresse A
Genre ou nature
AA : féminines
BB : féminines
Disposition
ABBA : rimes embrassées
Qualité ou valeur
AA : rimes riches (trois phonèmes communs [r], [ɛ], [s])
BB : pauvres
Deux tercets
Pour étudier les tercets, on les regroupe.
sonore C Genre ou nature Disposition : Qualité
honorent C CC : rimes féminines CC : rimes plates CC : rimes riches
-intime D DD : rimes féminines DEDE : rimes croisées DD : rimes riches
-moment E EE : rimes masculines EE : rimes pauvres
-victime D
-fixant E
Justification : dans ce texte poétique, l’étude des rimes nous a permis de voir le sentiment mélancolique du poète mis en valeur par la richesse des rimes (joie…) et leur pauvreté (cœur flétri…). En un mot, ce poème lyrique est mélancolique. On parle donc à ce niveau des rimes sémantiques, car elles sont associées au sens du poème.
4/ Le champ lexical prédominant est celui de la :
Beauté : (cases roses, déesse, souriant, déclose, enchanteresse, or, finesse, tendresse…)
5/ Dans ce texte, le poète évoque le magnifique lever de la lune, période de transition entre le jour et la nuit.
Justification : prenons l’exemple de la métaphore filée
6/ relevons tous les indices socio-culturels de la culture pular : cases roses, les muezzins en chœur, le brouhaha sonore (des moutons, chèvres, bœufs au retour des pâturages en regagnant leurs enclos…) : ici, il faut vivre au Fouta pour comprendre certains us et coutumes du terroir.
7/ Les figures de style sont :
V3 : nous avons une métaphore ou une personnification. La métaphore compare ici la beauté de la lune à une déesse pour mieux illustrer cette dimension esthétique qui nous donne un sentiment de plaisir à la contempler.
V6 : ici aussi la lune est associée à l’or sans outil de comparaison ; donc nous avons une métaphore qui met en valeur la splendeur et la beauté de la lune.
V7 : nous avons une personnification, car la lune arrache le cœur du poète comme un être humain. Donc, au-delà de la beauté, le poète est en interaction épique avec la lune qui vient coloniser son cœur.
V8 : ici aussi nous avons la personnification, car le poète a attribué la lune les traits humains, c’est-à-dire des yeux qui lui permettent de le fixer comme des chiens de faïence. Elle traduit aussi la beauté éclatante de la lune.
8/ Faisons la transcription phonétique du vers1
Au temps du crépuscule à Dioudé Diabé,
[O tã dy krepyskul a djude djabe]
9/ Faisons la scansion du dernier tercet
Et/ qui/ se/ ré/jouit/ con/tent/ du/ mo/ment, décasyllabes
San/s ê/tre/ ce/tte i/nno/cen/te / vic/time décasyllabes
De/ sa/ beau/té/ qui/ luit/ en/ me/ fi/xant décasyllabes
Les vers sont des décasyllabes
10/ Relevons tous les mots qui renvoient au moi personnel du poète.
«Me » ; « mes » ; « mon » ; « mon » ; « intimité intime » ;
11/ Le sentiment qui prévaut est l’amour porté sur la beauté de la lune…
NB : « le partage est un appel humain, mais l’appropriation du travail d’autrui est un acte coupable » M. Badji
M. BADJI, Professeur de Lettres Modernes
Au Lycée DIOUDE DE DIABE
IA SAINT-LOUIS
Contacts: WhatsApp: 772570417
Email: badjilanding661@yahoo.fr
Savoir pour mieux servir
Exercice corrigé de versification par Mr Badji professeur de lettres modernes
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